La société du spectacle est, par nature, globalisante, et l’une de ses tendances naturelle, essentielle, vitale est d’absorber et de phagocyter lentement tout ce qui l’entoure, pour que tout devienne enfin spectacle, pour que toute réalité située en dehors du spectacle devienne inconcevable.
Et c’est peut-être ce qui explique qu’elle se montre si impitoyable, si intraitable à l’égard de ceux qui osent s’opposer à elle, à son extension, qui refusent toute compromission avec la fatuité et la vacuité inhérentes au mirage spectaculaire, et qui la dénoncent pour ce qu’elle est.
Totalisante, cette virtualité en acte doit par tous moyens intégrer, incorporer, dévorer, pour les comprendre en elle, les téméraires qui revendiquent une existence à l’extérieur de ce mirage et qui mettent à nu ce pitoyable simulacre. Pour détruire ces trublions qui la menacent dans son existence même, elle n’hésite pas à les discréditer, en les intégrant de force dans le spectacle, dévoilant ainsi l’hypocrisie des rebelles.
Le scandale « Gala » illustre parfaitement cette opération de discrédit menée par la presse pour abattre un homme en disqualifiant son discours.
Le magazine du 13 septembre a publié un article signé de Daniel Bernard, présentant Arnaud Montebourg, député de Saône et Loire, accompagné de photographies de l’homme public dans un cadre familial.
Il n’en fallait pas moins pour que des journalistes, souhaitant à tout prix réintégrer l’homme politique dans le système par souci de cohésion, se gaussent joyeusement de la « peoplisation » de celui qui prononça les imprécations les plus vives contre les dérives de la politique-spectacle et d’une Vème République exsangue, de celui qui osa condamner la compromission funeste et ridicule des responsables politiques qui acceptaient de participer à des émissions de divertissement, en refusant d’y participer lui-même.
Dans sa chronique hebdomadaire publiée par Libération, Daniel Schneidermann a dénoncé le reniement du contempteur de la chiraquie, en concluant : « Montebourg est dans Gala. Toute négociation avec le système est illusoire ».
L’illusion tragique, ce n’est donc plus la politique spectaculaire, mais d’avoir cru exister en tant qu’homme politique dans un tel système.
Il est plus que surprenant que le chroniqueur de qualité qu’est Daniel Schneiderman, pourtant habitué à décortiquer les dessous de l’information n’ait pas cherché, préalablement à la publication de son propre article, à connaître les circonstances de la présence surprenante d’Arnaud Montebourg dans les feuilles du magzaine people.
Cela lui aurait permis de prendre connaissance des explications donnés par le député, et de modérer l’emphase de sa déception.
Arnaud Montebourg explique en effet que :
« Est il possible d'être dans Gala sans l'avoir voulu, ni souhaité, ou en l'ayant refusé ? C'est ce qui est arrivé au responsable public que je suis, et ce qui vous permettra de juger des moeurs journalistiques de notre époque.Le journaliste auteur de cet article aussi désobligeant que grotesque n'est autre que Daniel Bernard, journaliste au journal Marianne, publication dont j'apprécie les analyses et avec laquelle comme dirigeant politique je dialogue régulièrement. Daniel Bernard était d'ailleurs à Frangy en Bresse pour enquêter sur la nature de l'alliance que j'étais en train de nouer avec la candidature de Ségolène Royal. Il s'attarda après le tumulte quand le soir fut venu et me posa fort légitimement quelques questions sur l'évolution de la situation politique. Je fus surpris en lisant son journal de constater plus tard que ces matériaux informatifs n'avaient pas été utilisés dans ses articles successifs parus sous sa signature dans Marianne.La semaine dernière, l'intéressé m'appelle et me dit qu'il pigeait pour Gala, c'est à dire qu'il arrondissait ses fins de mois, en écrivant des articles sur les hommes (ou femmes) politiques. Je lui ai dit que je ne souhaitais pas apparaître dans cette publication. Il m'a répondu avec un culot d'acier qu'il « ne m'en laisserait pas le choix ». J'ai donc demandé deux choses : que ma vie privée n'y figure pas puisque mon épouse et moi-même ne nous sommes jamais exposés dans la presse locale ou nationale, et avons toujours soigneusement protégé nos enfants du regard journalistique. Je précise que cette règle de conduite de ma part n'a jamais varié depuis que je suis devenu parlementaire en 1997. Je lui ai également demandé de faire figurer dans son article mon opposition à toute forme d'indiscrétion sur ma vie personnelle. Il m'a assuré - certainement pour m'attendrir- que ce serait le cas.Ces deux engagements ont été trahis par ce journaliste. L'article qui fait état d'éléments de ma vie privée et familiale est construit à partir de ragots non vérifiés déjà parus dans des livres qui me concernent.Quant à la photo, elle a été prise il y a plusieurs mois par un photographe indépendant lyonnais qui m'avait demandé de réaliser un reportage sur le terrain en Bresse, ce qui fut fait. Les photographies dans le jardin de ma maison bressane ont été prises exclusivement en extérieur parce que le photographe souhaitait un décor rural. J'étais loin de penser que tout cela finirait dans Gala ! C'est bien là ma seule imprudence. »
La réaction de Schneiderman s’inscrit donc dans la logique implacable et exclusive de la société du spectacle : il ne peut être conçu une réalité extra-spectaculaire,.Il était nécessaire que le discours du député Montebourg, affirmant la possibilité d’une action politique extérieure au spectacle, exempte de toute contamination, fût fausse, de pure circonstance et de pure rhétorique.
Cette réaction journalistique est d’autre part à rapprocher de cet épisode non moins significatif, non moins signifiant de cette réalité, relaté cette semaine par le Canard enchaîné, décrivant la relation brutale de la direction de TF1 à l’égard de François Bayrou, qui avait eu l’audace de dénoncer les accointances de la chaîne privée avec l’actuel président de l’UMP.
En voyant ce qu’il en coûte aux hommes qui se dressent contre ce pouvoir intouchable que sont les médias, il est à craindre que ne disparaisse définitivement une politique qui puisse s’affirmer en dehors de cet univers factice.
Nous sombrons lentement dans une oligarchie médiatique
Et c’est peut-être ce qui explique qu’elle se montre si impitoyable, si intraitable à l’égard de ceux qui osent s’opposer à elle, à son extension, qui refusent toute compromission avec la fatuité et la vacuité inhérentes au mirage spectaculaire, et qui la dénoncent pour ce qu’elle est.
Totalisante, cette virtualité en acte doit par tous moyens intégrer, incorporer, dévorer, pour les comprendre en elle, les téméraires qui revendiquent une existence à l’extérieur de ce mirage et qui mettent à nu ce pitoyable simulacre. Pour détruire ces trublions qui la menacent dans son existence même, elle n’hésite pas à les discréditer, en les intégrant de force dans le spectacle, dévoilant ainsi l’hypocrisie des rebelles.
Le scandale « Gala » illustre parfaitement cette opération de discrédit menée par la presse pour abattre un homme en disqualifiant son discours.
Le magazine du 13 septembre a publié un article signé de Daniel Bernard, présentant Arnaud Montebourg, député de Saône et Loire, accompagné de photographies de l’homme public dans un cadre familial.
Il n’en fallait pas moins pour que des journalistes, souhaitant à tout prix réintégrer l’homme politique dans le système par souci de cohésion, se gaussent joyeusement de la « peoplisation » de celui qui prononça les imprécations les plus vives contre les dérives de la politique-spectacle et d’une Vème République exsangue, de celui qui osa condamner la compromission funeste et ridicule des responsables politiques qui acceptaient de participer à des émissions de divertissement, en refusant d’y participer lui-même.
Dans sa chronique hebdomadaire publiée par Libération, Daniel Schneidermann a dénoncé le reniement du contempteur de la chiraquie, en concluant : « Montebourg est dans Gala. Toute négociation avec le système est illusoire ».
L’illusion tragique, ce n’est donc plus la politique spectaculaire, mais d’avoir cru exister en tant qu’homme politique dans un tel système.
Il est plus que surprenant que le chroniqueur de qualité qu’est Daniel Schneiderman, pourtant habitué à décortiquer les dessous de l’information n’ait pas cherché, préalablement à la publication de son propre article, à connaître les circonstances de la présence surprenante d’Arnaud Montebourg dans les feuilles du magzaine people.
Cela lui aurait permis de prendre connaissance des explications donnés par le député, et de modérer l’emphase de sa déception.
Arnaud Montebourg explique en effet que :
« Est il possible d'être dans Gala sans l'avoir voulu, ni souhaité, ou en l'ayant refusé ? C'est ce qui est arrivé au responsable public que je suis, et ce qui vous permettra de juger des moeurs journalistiques de notre époque.Le journaliste auteur de cet article aussi désobligeant que grotesque n'est autre que Daniel Bernard, journaliste au journal Marianne, publication dont j'apprécie les analyses et avec laquelle comme dirigeant politique je dialogue régulièrement. Daniel Bernard était d'ailleurs à Frangy en Bresse pour enquêter sur la nature de l'alliance que j'étais en train de nouer avec la candidature de Ségolène Royal. Il s'attarda après le tumulte quand le soir fut venu et me posa fort légitimement quelques questions sur l'évolution de la situation politique. Je fus surpris en lisant son journal de constater plus tard que ces matériaux informatifs n'avaient pas été utilisés dans ses articles successifs parus sous sa signature dans Marianne.La semaine dernière, l'intéressé m'appelle et me dit qu'il pigeait pour Gala, c'est à dire qu'il arrondissait ses fins de mois, en écrivant des articles sur les hommes (ou femmes) politiques. Je lui ai dit que je ne souhaitais pas apparaître dans cette publication. Il m'a répondu avec un culot d'acier qu'il « ne m'en laisserait pas le choix ». J'ai donc demandé deux choses : que ma vie privée n'y figure pas puisque mon épouse et moi-même ne nous sommes jamais exposés dans la presse locale ou nationale, et avons toujours soigneusement protégé nos enfants du regard journalistique. Je précise que cette règle de conduite de ma part n'a jamais varié depuis que je suis devenu parlementaire en 1997. Je lui ai également demandé de faire figurer dans son article mon opposition à toute forme d'indiscrétion sur ma vie personnelle. Il m'a assuré - certainement pour m'attendrir- que ce serait le cas.Ces deux engagements ont été trahis par ce journaliste. L'article qui fait état d'éléments de ma vie privée et familiale est construit à partir de ragots non vérifiés déjà parus dans des livres qui me concernent.Quant à la photo, elle a été prise il y a plusieurs mois par un photographe indépendant lyonnais qui m'avait demandé de réaliser un reportage sur le terrain en Bresse, ce qui fut fait. Les photographies dans le jardin de ma maison bressane ont été prises exclusivement en extérieur parce que le photographe souhaitait un décor rural. J'étais loin de penser que tout cela finirait dans Gala ! C'est bien là ma seule imprudence. »
La réaction de Schneiderman s’inscrit donc dans la logique implacable et exclusive de la société du spectacle : il ne peut être conçu une réalité extra-spectaculaire,.Il était nécessaire que le discours du député Montebourg, affirmant la possibilité d’une action politique extérieure au spectacle, exempte de toute contamination, fût fausse, de pure circonstance et de pure rhétorique.
Cette réaction journalistique est d’autre part à rapprocher de cet épisode non moins significatif, non moins signifiant de cette réalité, relaté cette semaine par le Canard enchaîné, décrivant la relation brutale de la direction de TF1 à l’égard de François Bayrou, qui avait eu l’audace de dénoncer les accointances de la chaîne privée avec l’actuel président de l’UMP.
En voyant ce qu’il en coûte aux hommes qui se dressent contre ce pouvoir intouchable que sont les médias, il est à craindre que ne disparaisse définitivement une politique qui puisse s’affirmer en dehors de cet univers factice.
Nous sombrons lentement dans une oligarchie médiatique