19 décembre 2006

Un petit moment d'anthologie....

Un affrontement passionnant entre le Président Portelli, et Nicolas Sarkozy, candidat à l'élection présidentielle, sur les chiffres de la récidive des mineurs délinquants, dans l'émission RIPOSTES du 10 décembre dernier...

Le magistrat met le ministre de l'intérieur en face de ses contradictions : absolument délicieux...

http://www.france5.fr/ripostes/008421/4/139567.cfm
(l'échange intervient à la 50ème minute du débat environ).

Selon le Canard Enchaîné (qui demeure très certainement le journal français le mieux informé), Nicolas Sarkozy, passablement énervé de la prestation du magistrat parisien, serait allé provoquer Serge Portelli après l'émission, alors que ce dernier se désaltérait en compagnie des autres invités.

Notre ministre de l'intérieur lui aurait alors déclaré : "J'ai rarement vu un magistrat comme vous ! Je n'aimerais pas être jugé par un magistrat comme vous !".
Portelli lui aurait alors répondu : "Monsieur Sarkozy, je n'aimerais pas être un citoyen si vous
êtes élu Président le 6 mai prochain".

Décidément, il m'est très sympathique, ce vice-président.

Pour finir ce petit commentaire, j'indiquerai que je suis passablement agacé que nos hommes politiques, lorsqu'ils sont à court d'arguments et qu'ils sont acculés par un magistrat, se permettent à chaque fois de mettre en porte à faux leur interlocuteur sur le prétendu devoir de réserve.

Pascal Clément avait déjà tenté cette tactique contre le Président Portelli, et Nicolas Sarkozy a récidivé : "Vous donnez une drôle image de la magistrature, Monsieur Portelli", ou une ineptie de ce genre.

J'estime, et je ne pense pas être le seul, qu'un magistrat a parfaitement le droit, dans une société démocratique moderne, de faire valoir ses opinions, d'exprimer ses convictions à titre personnel, dans des matières qu'il maîtrise en raison de sa pratique professionnelle, sans qu'on puisse lui opposer ce devoir de réserve, qui pouvait avoir sa raison d'être au XIXème siècle, et qui est aujourd'hui parfaitement absurde.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Si dans un sens, un magistrat se permet dans le "civil" d'exprimer ses opinions sur un autre "civil". Pourquoi à l'inverse, une ministre dans le "civil", ne pourrait-il pas exprimer ses opinions quant à un autre "civil", fut-il magistrat...

Polynice a dit…

Bien sur, bien sur...

Loin de moi l'idée d'empêcher Monsieur Sarkozy d'exprimer ses convictions sur la magistrature, voir sur la personne d'un magistrat déterminé.

Cela fait partie du débat.

Mais ce qui est à mon sens inacceptable, c'est de vouloir mettre fin au débat en ayant recours au devoir de réserve.

Vous me gênez avec vos arguments, et comme je ne puis y répondre, je vous somme de vous taire, parce qu'en raison de votre fonction, vous êtes tenu au devoir de réserve : vous n'avez pas le droit de parler.

Je trouve cela grotesque, déloyal et particulièrement idiot.

C'est mon point de vue, rien d'autre...